Méthodes

Évaluation de l’état de conservation

Le rapport État des populations d’oiseaux de l’Amérique du Nord, 2016 est fondé sur une évaluation de l’état de conservation de 1 154 espèces d’oiseaux indigènes qui nichent dans les régions continentales des États‑Unis, du Canada et du Mexique, ainsi que d’oiseaux océaniques qui occupent régulièrement les eaux de ces trois pays. Chaque espèce d’oiseau a été évaluée dans l’ensemble de son aire de répartition et de son cycle annuel. Cette évaluation se base sur des critères biologiques pour évaluer les composantes distinctes de la vulnérabilité des espèces, dont la taille de leurs populations, leur répartition, les menaces qui pèsent sur elles et leurs tendances en matière de population. Le processus a été élaboré et raffiné sur de nombreuses années (Hunter et al., 1993; Carter et al., 2000; Panjabi et al., 2001; Panjabi et al., 2005; Panjabi et al., 2012), et il a été mis à jour en fonction d’examens externes par les pairs (Beissinger et al., 2000) et de commentaires présentés par des partenaires. Il est expliqué en détail dans le document Partners in Flight Handbook on Species Assessment (Panjabi et al., 2012; en anglais seulement).

L’évaluation de Partners in Flight (Partenaires d’envol) s’appliquait initialement à l’ensemble des oiseaux terrestres aux États‑Unis et au Canada (Rich et al., 2004), mais elle a récemment été étendue à toutes les espèces d’oiseaux présentes au Mexique (Berlanga et al., 2010). Aux fins du présent rapport, l’équipe scientifique a appliqué des méthodes identiques pour évaluer tous les taxons de l’Amérique du Nord, et a demandé l’avis d’experts en ce qui a trait aux cotes attribuées aux oiseaux de rivage, aux oiseaux aquatiques, aux oiseaux de mer et à la sauvagine. Toutes les cotes d’évaluation et les données connexes pour chaque espèce sont contenues dans la base de données sur l’évaluation de l’état de conservation. La section Ressources du site contient un résumé de l’évaluation des espèces utilisé dans le présent rapport ainsi qu’une version téléchargeable de la base de données complète.

Une cote numérique de 1 à 5 a été attribuée à chaque espèce pour chacun des 6 facteurs biologiques qui servent à évaluer des aspects largement indépendants de la vulnérabilité des espèces à l’échelle de leur aire de répartition ou de l’Amérique du Nord : taille de la population (PS), aire de reproduction (BD), aire de non-reproduction (ND), menaces pesant sur les individus reproducteurs (TB), menaces pesant sur les individus non reproducteurs (TN) et tendance en matière de population (PT). Chaque cote reflète le degré de vulnérabilité inhérent à l’espèce en raison du facteur concerné, selon une vulnérabilité faible (1) à élevée (5).

Pour chacune des espèces, nous avons calculé une cote combinée pour les individus reproducteurs (TB + BD + PT + PS) et une cote combinée pour les individus non reproducteurs (TN + ND + PT + PS), et nous avons choisi la cote la plus élevée entre les deux comme cote de conservation combinée maximale. Cette cote peut varier entre 4, pour une espèce répandue et relativement non en péril, et 20, pour une espèce associée au degré de vulnérabilité le plus élevé. Les espèces dont la cote maximale est supérieure ou égale à 14, ou les espèces dont la cote maximale est de 13 et dont la cote PT est de 5 (forte tendance à la baisse), ont été désignées pour être inscrites à la Liste de surveillance; ces espèces présentent la plus grande vulnérabilité à la disparition, d’après les cotes élevées attribuées à de multiples facteurs.

État des populations d’oiseaux de l’Amérique du Nord – méthodes d’analyse

Nous avons catégorisé le degré de préoccupation global pour la conservation de chaque espèce comme faible, modéré ou élevé. Les espèces dont le degré de préoccupation était élevé sont celles qui ont été inscrites sur la Liste de surveillance. Les espèces dont le degré de préoccupation était modéré sont celles qui ont obtenu une cote de conservation combinée maximale supérieure à 8, sans toutefois mériter une inclusion dans la Liste de surveillance. Le degré de préoccupation des espèces a été jugé faible si leur cote de conservation combinée maximale était de 8 ou moins.

La taille des barres dans les diagrammes à barres du rapport indique, pour un groupe donné d’espèces, les proportions d’espèces dont le degré de préoccupation est faible (bleu), modéré (orange) et élevé (rouge; ces espèces sont inscrites sur la Liste de surveillance). Les barres pour tous les habitats sont alignées à la division entre les degrés de préoccupation modéré et élevé, de telle sorte que les barres rouges à droite de la ligne du centre offrent une comparaison visuelle rapide de la proportion d’espèces inscrites sur la Liste de surveillance.

Trajectoires composites de population pour les côtes et les prairies

Les trajectoires composites de population dans les sections du rapport sur les zones côtières et les prairies ont été produites selon la même méthode utilisée dans le rapport État des populations d’oiseaux du Canada 2012 et dans les rapports sur l’état des populations d’oiseaux aux États‑Unis de 2009 et 2014. En bref, la trajectoire composite de population (la courbe de tendance) représente la situation moyenne des espèces du groupe sur le plan de l’effectif, par rapport à l’année de départ. La moyenne est calculée au moyen d’un modèle statistique bayésien hiérarchique qui tient compte de la précision des données en matière de population pour chaque espèce. Le graphique sur les zones côtières a été fondé sur des estimations de l’effectif de chaque espèce, issues de l’analyse de trois relevés des oiseaux de rivage migrateurs fondés sur le même protocole : l’International Shorebird Survey, organisé par le Manomet Center for Conservation Sciences, ainsi que le Relevé des oiseaux de rivage du Canada atlantique et le Relevé des oiseaux de rivage de l’Ontario, qui sont tous deux organisés par Environnement et Changement climatique Canada. Le graphique sur les prairies a quant à lui été fondé sur des estimations issues du Relevé des oiseaux nicheurs d’Amérique du Nord. Remarque : l’expansion verticale de ces graphiques de trajectoires composites est non linéaire. Une telle expansion non linéaire est nécessaire pour tenir compte du fait que les changements proportionnels de la taille des populations sont aussi non linéaires (p. ex. une hausse de 100 %, soit du double, est nécessaire pour qu’une population se rétablisse d’une baisse de 50 % de son effectif).

Modélisation de la répartition et de l’abondance de certaines espèces

Dans le cas de certaines espèces pour lesquelles les données étaient adéquates, nous avons élaboré des modèles de prévision de la répartition et de l’abondance afin d’illustrer les tendances en matière de migration et de connectivité dans l’ensemble des régions et des habitats utilisés par ces espèces en Amérique du Nord. Les estimations de l’abondance relative montrées dans les cartes d’abondance des espèces ont été fondées sur des données d’observation des oiseaux d’eBird (Sullivan et al., 2014), un programme de science-citoyenne en rapide croissance administré par le Cornell Lab of Ornithology. Ces données ont été utilisées pour élaborer des modèles statistiques basés sur le cadre du STEM (Spatio-Temporal Exploratory Model; voir Fink et al. 2010, 2014; Johnston et al. 2015). Les modèles ont « appris » les associations entre les tendances observées de l’occurrence et de l’abondance des oiseaux et les caractéristiques de la couverture terrestre à l’échelle locale. Les descriptions de cette couverture terrestre proviennent des données de télédétection de la NASA. Ces modèles ont ensuite été utilisés pour produire une estimation journalière de l’abondance, et ce, une fois par semaine durant les 52 semaines de l’année, à 3 millions de sites terrestres et à une résolution de 3 km dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. La variation dans la capacité de détection associée aux activités de recherche a été prise en compte par la normalisation des estimations en fonction du décompte prévu pour une espèce au cours d’une recherche effectuée de 7 h à 8 h par un participant type au programme eBird, sur une distance de 1 km, au cours de la journée donnée et à l’emplacement donné.

Références

Beissinger, S.R., J.M. Reed, J.M. Wunderle, Jr., S.K. Robinson, and D.M. Finch. 2000. Report of the AOU Conservation Committee on the Partners in Flight species prioritization plan. Auk 117:549–561.

Carter, M.F., W.C. Hunter, D.N. Pashley, and K.V. Rosenberg. 2000. Setting conservation priorities in the United States: the Partners in Flight approach.  Auk 117:541–548.

Hunter, W.C., M.F. Carter, D.N. Pashley, and K. Baker. 1993. The Partners in Flight prioritization scheme. Pages 109–119 in Status and Management of Neotropical Migratory Birds (D. Finch and P. Stangel, eds.). USDA Forest Service General Technical Report RM-229. USDA Forest Service, Fort Collins, Colorado.

Panjabi, A., C. Beardmore, P. Blancher, G. Butcher, M. Carter, D. Demarest, E. Dunn, C. Hunter, D. Pashley, K. Rosenberg, T. Rich, and T. Will. 2001. The Partners in Flight handbook on species assessment and prioritization. Version 1.1, December 2001. Partners in Flight Technical Series No. 3. Partners in Flight.

Panjabi, A.O., E.H. Dunn, P.J. Blancher, W.C. Hunter, B. Altman, J. Bart, C.J. Beardmore, H. Berlanga, G.S. Butcher, S.K. Davis, D.W. Demarest, R. Dettmers, W. Easton, H. Gomez de Silva Garza, E.E. Iñigo-Elias, D.N. Pashley, C.J. Ralph, T.D. Rich, K.V. Rosenberg, C.M. Rustay, J.M. Ruth, J.S. Wendt, and T.C. Will. 2005. The Partners in Flight handbook on species assessment. Version 2005. Partners in Flight Technical Series No. 3. Partners in Flight.

Panjabi, A.O., P. J. Blancher, R. Dettmers, and K.V. Rosenberg. 2012. The Partners in Flight handbook on species assessment. Version 2012. Partners in Flight Technical Series No. 3. Partners in Flight.